Réussir son examen échographique d’urgence grâce au protocole FAST

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Par Héloïse Guillot  /   14 Janvier 2025

L’échographie FAST, un outil clé en médecine d’urgence

diSplay U/S, simulateur d’échographie en ligne
Module FAST
  • Protocole FAST disponible sur notre simulateur d’échographie en ligne diSplay U/S
  • Module développé en partenariat avec l’IHU
  • 6 exercices guidés pour apprendre les fondamentaux de l’échographie FAST
  • 7 cas cliniques : chutes de cheval, impacts frontaux, accidents de moto
L’échographie FAST (pour Focused Assessment with Sonography for Trauma) s’est imposée comme un protocole incontournable en médecine d’urgence.
Conçu pour évaluer rapidement la présence de liquides dans les cavités thoracique et abdominale, il permet de détecter des hémorragies internes potentiellement mortelles, souvent en quelques minutes [7].
Grâce à sa simplicité, son efficacité et son caractère non invasif, le protocole FAST s’intègre parfaitement dans la prise en charge initiale des patients traumatisés [10].
La capacité à réaliser cet examen de manière efficace est cruciale pour prendre des décisions cliniques rapides. Dans cet article, nous vous proposons un guide pour réussir votre examen échographique FAST, avec des conseils pratiques et des techniques pour optimiser vos performances. Nous aborderons ce sujet à travers le prisme de l’apprentissage du protocole FAST par l’utilisation du simulateur d’échographie en ligne diSplay U/S.

Le protocole FAST plus en détail

Ce protocole est principalement indiqué dans les situations de traumatisme abdominal ou thoracique. Il est particulièrement utile chez :
  • Les patients polytraumatisés instables, afin de guider rapidement les décisions opératoires [9].
  • Les victimes de traumatismes contondants ou pénétrants, lorsque des hémorragies internes sont suspectées [4].
  • Les contextes de médecine préhospitalière, pour évaluer la gravité et prioriser l’évacuation [6].
  • Les situations critiques comme l’évaluation d’une hypovolémie ou la suspicion d’une tamponnade cardiaque [8].
Le protocole FAST présente de nombreux atouts, qui expliquent son utilisation croissante [2] :
RAPIDE
Un examen FAST peut être effectué en moins de 5 minutes, ce qui constitue un atout majeur dans les situations d’urgence où chaque seconde compte.
NON-INVASIF
Contrairement à d’autres techniques d’imagerie, l’échographie n’expose pas le patient aux risques liés aux rayonnements, comme c’est le cas pour les radiographies.
PORTABLE
Les appareils d’échographie sont  de plus en plus compacts, ce qui rend FAST accessible même en milieu en dehors de l’hôpital (par exemple sur le lieu d’un accident).
EFFICACE
L’utilisation de FAST permet de détecter précocement des épanchements de liquide importants, guidant ainsi des décisions thérapeutiques rapides [12].
Principales fenêtres échographiques selon la procédures FAST [1]
Ce protocole cible quatre zones spécifiques dans lesquelles du liquide est susceptible de s’accumuler :
  • Le péricarde, pour rechercher une tamponnade cardiaque.
  • Le quadrant supérieur droit, pour détecter du liquide dans l’espace hépatorénal (espace de Morrison).
  • Le quadrant supérieur gauche, pour visualiser l’espace splénorénal.
  • Le pelvis, pour identifier un épanchement dans le cul-de-sac de Douglas ou le récessus vésico-utérin [3].

Réussir son protocole FAST

Bien choisir sa sonde échographique

La sélection et le réglage des sondes essentiels pour obtenir des résultats optimaux [11]. Une sonde de 3,5 à 5 MHz convient à la plupart des patients et permet l’acquisition d’images de haute qualité dans la grande majorité des cas. Même si chez certains patients, de meilleures images peuvent être obtenues avec une sonde linéaire ou une sonde cardiaque, cela peut nécessiter de changer de sonde plusieurs fois, et donc perdre un temps précieux dans le cadre du protocole FAST. C’est la raison pour laquelle la sonde la plus utilisée est la convexe.
Les différentes sondes disponibles dans diSplay U/S

Identifier et scanner les différentes zones

Evaluation du Quadrant Supérieur Droit (QSD)
En plaçant la sonde dans la région épigastrique, vous devez être capable d’évaluer le foie, le diaphragme et la cavité péritonéale. L’un des points clés à explorer est l’espace de Morison, qui se trouve entre le foie et le rein droit. La présence de liquide libre dans cet espace est un signe évocateur de traumatisme hépatique ou rénal, indiquant potentiellement une rupture ou un hématome [4].
Pour évaluer correctement cette zone, identifiez les 8ème et 11ème espaces intercostaux sur le patient et placez la sonde à leur niveau, en vous assurant qu’elle est positionnée juste au-dessus de la côte. Une approche plus précise consiste à utiliser la ligne axillaire antérieure comme guide pour aligner la sonde de manière appropriée sur le flanc droit. Si le patient est en mesure de le faire, demandez-lui de prendre une grande inspiration et de bloquer sa respiration. Cela permet de mieux visualiser la zone hépatorénale, car l’inspiration provoque une descente du diaphragme, ce qui permet d’obtenir des images plus nettes du foie et de la région autour du rein. Ensuite, balayez doucement l’espace de Morison (l’espace hépatorénal) pour rechercher la présence de liquide libre [2].
Anatomie échographique inversée du quadrant supérieur droit et des structures anatomiques pertinentes (nysora.com)
Exploration du QSD sur diSplay U/S
Evaluation du Quadrant Supérieur Gauche (QSG)
Cette partie de l’examen échographique permet d’explorer la rate et le diaphragme gauche. La présence de liquide libre autour de la rate peut signaler un traumatisme splénique, complication fréquente après un traumatisme abdominal [9].
Pour identifier cette zone, vous pouvez utiliser la ligne axillaire antérieure comme repère, tout comme pour le QSD, mais il est important de noter que la cavité abdominale dans le quadrant supérieur gauche est plus haute et plus en arrière. Cela signifie que vous devrez scannez les espaces intercostaux 6 à 10 pour atteindre la zone où la rate et le diaphragme sont visibles et bien explorer cette région [11].
Lorsque vous positionnez la sonde à cet endroit, commencez par repérer la rate. Une fois que vous l’avez visualisée, vous pouvez utiliser cet organe comme une fenêtre acoustique pour explorer les structures environnantes. En suivant la courbure de la rate, vous devriez pouvoir identifier le rein gauche et son interface avec la rate. Cela vous permettra d’évaluer si du liquide libre est présent dans l’espace entre la rate et le rein, ce qui pourrait indiquer un traumatisme splénique.
Les ligne axillaires [5]
Exploration du QSG sur diSplay U/S
Evaluation de la région pelvienne (fenêtre sus-pubienne)
L’évaluation de la cavité pelvienne est essentielle pour détecter la présence de liquide libre, notamment dans le cul-de-sac de Douglas, chez la femme, ou dans la région recto-vésicale chez l’homme, ce qui peut indiquer un traumatisme abdominal bas ou une rupture d’organe, souvent en lien avec des blessures pelviennes, de l’utérus ou des ovaires chez la femme.
Pour explorer cette zone, commencez par localiser la symphyse pubienne et placez la sonde juste au-dessus, en la positionnant à l’horizontale pour examiner la cavité pelvienne. Il est important de tenir compte de l’état de la vessie du patient (vide ou pleine), car cela peut modifier la visibilité de la région pelvienne et vous demander d’ajuster la profondeur des paramètres échographiques. Si la vessie est pleine, cela peut gêner la visualisation du cul-de-sac de Douglas, mais si elle est vide, la vue sera plus claire, notamment pour observer les épanchements dans la région pelvienne. Balayez ensuite caudalement et céphaliquement pour obtenir une vue complète de la zone.
Chez la femme, l’espace à examiner est la poche recto-utérine, qui se situe derrière l’utérus et devant le rectum. C’est ici que le liquide libre s’accumule fréquemment en cas de traumatisme. Chez l’homme, la région à explorer est la zone recto-vésicale, qui se situe entre le rectum et la vessie [12].
Exploration de la région pelvienne sur diSplay U/S
Evaluation de la vue péricardique (fenêtre sous-xiphoïde)
L’examen de la zone autour du cœur est crucial pour détecter la présence d’un épanchement péricardique, qui pourrait entraîner une tamponnade cardiaque, une urgence vitale nécessitant une prise en charge rapide. La tamponnade cardiaque se produit lorsque du liquide s’accumule dans le péricarde, comprimant le cœur et empêchant son bon fonctionnement, pouvant alors entraîner un arrêt circulatoire si non traité rapidement [6].
Pour visualiser cette zone, commencez par localiser le processus xiphoïde, situé à la base du sternum, juste sous la cage thoracique. Utilisez ce repère pour positionner la sonde juste à côté du processus xiphoïde, sur la gauche du patient. Cette position permet d’obtenir une vue du cœur, en particulier de la zone péricardique, entre le cœur et le diaphragme.
Placez la sonde en direction de l’axe longitudinal du sternum, en orientant légèrement la sonde vers le bas et à gauche. L’image obtenue permettra de visualiser la cavité péricardique, un épanchement dans cette zone, même petit, peut être à l’origine d’une tamponnade.
Exploration de la région péricardique sur diSplay U/S

Positionner correctement la sonde et ajuster les paramètres

Un des éléments clés pour réussir l’échographie FAST est de positionner correctement la sonde afin d’obtenir des vues claires et nettes, ce qui permet de maximiser les chances de détecter des épanchements.
Le positionnement exact de la sonde, ainsi que le choix de l’angle de balayage, dépendent directement des structures anatomiques spécifiques que vous souhaitez examiner [11].
Il est également essentiel d’adapter votre approche en fonction de la morphologie du patient.
Par exemple, chez un patient obèse, il peut être nécessaire de modifier l’angle de la sonde ou d’augmenter la profondeur d’exploration pour pénétrer à travers les couches de graisse. En revanche, chez un patient plus mince, les réglages seront différents. De plus, il peut être nécessaire de faire varier l’orientation de la sonde pour mieux visualiser certaines structures, comme le diaphragme, les espaces intercostaux, ou les zones péricardiques [7].
Les paramètres de l’image échographique doivent aussi être ajustés en fonction de la zone explorée et des structures à analyser.
Il est important de régler le gain pour contrôler la luminosité de l’image, afin d’éviter une image trop sombre ou trop brillante. La dynamique de l’image doit être adaptée pour améliorer la visibilité des structures internes en ajustant les niveaux de contraste. La profondeur de la sonde est un paramètre essentiel : une profondeur trop grande peut entraîner une perte de résolution, tandis qu’une profondeur insuffisante peut omettre des structures importantes. Enfin, la focale doit être ajustée pour obtenir un focus sur la zone spécifique que vous évaluez, permettant une meilleure définition des structures anatomiques [2].
Découvrez plus de conseils à ce sujet dans notre article : Comment ajuster les paramètres de la sonde convexe pour réaliser une échographie pulmonaire réussie ?

Réaliser un balayage rapide des zones

Le balayage des différentes stations doit être réalisé de manière systématique, structurée et fluide. Chaque zone de l’abdomen et du thorax doit être explorée avec soin pour ne pas manquer d’éventuels épanchements [7]. Utilisez un mouvement lent et continu, en suivant une trajectoire bien définie pour couvrir toutes les zones importantes de l’examen.
Il est essentiel de ne pas négliger les angles difficiles ou les zones anatomiques moins visibles. Par exemple, les espaces intercostaux peuvent être plus difficiles à visualiser en raison de la présence des côtes, et certaines structures, comme le cul-de-sac de Douglas chez la femme ou l’espace de Morison, peuvent être plus difficiles à atteindre. Ces zones sont souvent les premières à accumuler du liquide en cas de traumatisme, et il est crucial de les explorer minutieusement pour ne pas passer à côté de petites quantités de liquide libre [4].
L’un des aspects les plus cruciaux de l’échographie FAST est la capacité à interpréter rapidement les images. L’objectif de cet examen est de fournir des informations en temps réel pour prendre une décision clinique rapide. Pour cela, un opérateur expérimenté doit pouvoir accomplir l’échographie FAST en moins de 5 minutes, afin de recueillir rapidement les données nécessaires pour évaluer la présence d’un épanchement et pour déterminer si une intervention urgente est requise [9].

Identifier les épanchements

Lors de l’examen échographique, les épanchements apparaissent comme des zones anéchogènes (zones noires), car le liquide libre ne reflète pas les ondes ultrasonores de manière significative. Contrairement aux tissus solides qui créent des images échogènes (zones blanches ou grises), le liquide, qui est plus homogène, ne produit pas d’écho et se présente donc sous forme de taches noires sur l’écran de l’échographe [12].
La détection d’un épanchement libre à l’aide de l’échographie FAST repose sur la capacité à identifier ces zones anéchogènes dans des espaces anatomiques spécifiques, ce qui permet de diagnostiquer rapidement des blessures internes graves et de prendre des décisions urgentes.
Épanchement au niveau du rein [2]

Conclusion

Le protocole FAST représente une avancée majeure en médecine d’urgence, grâce à sa capacité à fournir des informations cruciales en un temps record. Bien qu’il ne remplace pas des examens plus détaillés comme le scanner, son rôle dans l’évaluation initiale des patients traumatisés reste fondamental [10].
Réussir un examen échographique FAST nécessite de la pratique, de la patience et une compréhension approfondie des différentes étapes du protocole. La maîtrise des techniques d’échographie, la bonne interprétation des images et la capacité à prendre des décisions rapides sont essentielles pour réussir cet examen critique dans un contexte d’urgence.
diSplay U/S permet d’acquérir les compétences techniques nécessaires pour optimiser l’apprentissage de FAST tout en offrant une immersion dans des scénarios réalistes. Formez-vous de manière autonome et efficace sur notre simulateur !

Références

1Adnet, F., Galinski, M. & Lapostolle, F (2004).Échographie en traumatologie pour l’urgentiste : de l’enseignement à la pratique. Réanimation 13 465–470
2AIUM Practice Guideline for the Performance of the Focused Assessment with Sonography for Trauma (FAST) Examination. American Institute of Ultrasound in Medicine. (2021). Available at: https://www.aium.org
3Buchanan, J. R., & Hannan, T. L. (2017). Focused Ultrasound in Trauma: The FAST Exam. Trauma Nursing, 24(2), 89-94. Available at: https://www.traumanursing.org
4Domenico, P., & Hartman, T. (2017). Focused Assessment with Sonography for Trauma (FAST) in Emergency Medicine: A Comprehensive Review. Journal of Emergency Medicine, 52(2), 174-182. DOI: 10.1016/j.jemermed.2016.10.005
5Häggström, Mikael (2014). « Medical gallery of Mikael Häggström 2014« . WikiJournal of Medicine 1 (2)
6Moore, E. E., & Cogbill, T. H. (2014). Echography for Trauma Patients: Protocols and Clinical Impact. Trauma Surgery & Acute Care Open, 1(1), e000029. DOI: 10.1136/tsaco-2014-000029
7Nelson, B. P., & Rubin, M. S. (2014). Echography for Trauma Assessment: The FAST Protocol. Emergency Medicine Clinics of North America, 32(2), 225-239. DOI: 10.1016/j.emc.2014.01.002
8Pothiawala, S. et al. (2018). The Use of FAST in Trauma: Diagnostic Accuracy and Clinical Utility. Emergency Radiology, 25(1), 23-32. DOI: 10.1007/s10140-017-1517-1
9Roh, E., & Kim, S. (2015). Clinical applications of the FAST (Focused Assessment with Sonography for Trauma) protocol in trauma patients: A review. Journal of Trauma and Acute Care Surgery, 79(6), 973-981. DOI: 10.1097/TA.0000000000000849
10Sahni, A. (2019). Clinical Use of Ultrasound in Trauma: FAST Protocol and Beyond. Trauma and Emergency Care, 8(1), 12-18. DOI: 10.4103/jtec.tec_102_18
11Sedgwick, P., & Swann, D. (2015). The FAST Examination in Trauma: A Summary for Emergency Physicians. Clinical Radiology, 70(6), 697-705. DOI: 10.1016/j.crad.2015.02.012
12Solis, R., & Harris, M. (2020). The Role of Ultrasound in Trauma Care: A Critical Review of the FAST Protocol and its Evolution. Journal of Clinical Ultrasound, 48(5), 272-280. DOI: 10.1002/jcu.22815
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